Une femme me réveille en pleine nuit – jeune si j’en crois sa voix. Elle me dit venir d’accoucher. Je redoute – soupçon absurde et infondé – le moment que je pressens sur le point d’advenir où elle m’annoncera que je suis devenu père. Non me dit-elle, ce n’est pas ce que vous croyez. Vous êtes mon enfant. Je reçois la nouvelle comme un choc. Je suis tenté de raccrocher, un scrupule me retient. J’ai beau être un enfant ingrat, on ne raccroche pas comme ça à sa mère, surtout lorsqu’on vient de naître. Je reste pendu au téléphone, ma mère me questionne. Sottement je me mets à pleurer. Moi qui ne pleure jamais, qui ne ressens rien. Même si je ne suis pas en mesure de le dire, je réalise qu’avoir une mère, quoi qu’on en pense, ce n’est pas rien. Je voudrais dire « maman », appeler, sans doute suis-je trop jeune pour pouvoir le faire. C’est vrai que je n’ai que quelques heures, même pas, quelques minutes. Ma mère a été suffisamment lucide pour me prévenir assez tôt de l’événement, il est vrai que dans de telles situations tout retard peut avoir des conséquences fâcheuses. Sans compter qu’il n’est pas suffisant de se savoir né pour le croire. Personnellement, étant quelqu’un qui doute, je ne peux m’y résigner. Je demande un temps de réflexion. Ma mère semble vexée. J’ai commis un impair. Je dois me rattraper. Je dis que je vais y réfléchir et que je la rappelle aussitôt. Elle n’en tombe pas d’accord. Sans doute sait-elle trop ce qui se passe dans de telles situations. On y pense, le temps passe, et le moment d’appeler ne vient jamais, le temps jouant contre lui. Non, non, dit-elle, c’est maintenant, c’est maintenant qu’il faut dire oui, après il est trop tard, après une vie ne suffit pas pour combler ce petit retard pris au début, à l’origine. Mon Dieu, je ne sais que dire, me prononcer sur le champ m’est impossible – et puis quoi, je viens de naître, et encore n’en suis-je même pas sûr, et déjà on veut que je parle et que je me déclare ! Mais tous les enfants le font me dit-elle, tous sans exception. Au moins crient-ils. Crier, je n’y avais pas pensé. Le faire maintenant serait emprunté, ma mère n’y croirait pas, il y aurait quelque chose de faux dans mon cri, je le devine. Je ne dis rien. Mes pleurs sonnent faux. Les premiers pleurs d’un enfant à sa mère, car c’est pour elle que je les ai versés, et ils furent faux, elle-même n’y a pas cru et a pensé que je simulais, que je faisais semblant, que j’essayais vainement et déjà presque désespérément de me conformer. Est-ce que je sais à quoi ressemble un nouveau-né moi ! Et qu’est-ce que j’y peux si mes pleurs… Un nouveau-né est sans défense, quiconque l’admettra, et il faudrait déjà que je soupçonne ma mère de ne pas m’accorder l’amour dont une mère doit faire preuve à la naissance de son premier enfant - je vous ai dit que sa voix était jeune - mais j’y pense, peut-être ne suis-je pas le premier, peut-être suis-je le second, le troisième, peut-être est-ce pour cela qu’elle ne me croit pas, parce que je ne ressemble pas aux enfants qu’elle a eus avant moi. Comment est-ce que je pourrais le savoir ? Et si cette façon de pleurer était la mienne, ni vraie ni fausse, rien que la mienne. Ne serais-je pas en droit de faire valoir une méprise ? Car finalement, en admettant que je me sois mis à pleurer un peu tard, n’est-ce pas un fait négligeable, l’essentiel n’est-il pas que j’aie pleuré ? Et si j’ai douté ou hésité, n’est-ce pas que je ressentais quelque chose qui m’y invitait, une inquiétude, une peur voire une angoisse, aurais-je senti sur moi des yeux et ce regard, cette voix qui bourdonne à l’autre bout - est-ce que ce n’est pas cela qu’elle cherche à me dire, que je suis, que j’existe et moi qui ne réponds pas, qui l’entends et qui ne réponds pas. L’angoisse que je dois lui donner, je n’ose pas y penser – et ce silence, est-ce qu’il n’est pas angoissé lui aussi, est-ce qu’il n’est pas l’angoisse même ! Ce n’est tout de même pas moi qui ai généré toute cette angoisse, ce n’est tout de même pas moi la cause de ça, dis maman, est-ce qu’il n’y a pas là de ton angoisse à toi aussi, de ta peur à toi que j’existe, et à laquelle je dois répondre, mais j’entends ta voix à nouveau et j’ai moins peur, tu chasses l’angoisse et il me semble que je vais pouvoir bientôt parler ou pleurer, pleurer à force de ne pas pouvoir parler et de ressentir cette marée en moi qui me soulève et m’engloutit, cette entrée de l’air en moi, ce trop plein d’air qui me suffoque et qui est ta voix, l’air que tu me souffles dedans, car sinon qui, et je comprends que c’est ça que t’attends, que je le restitue, qu’il sorte, qu’il ressorte, que je crie, pleure, parle, que je crache cet air de toi qui m’étouffe, cet air de la chambre, cette odeur, que j’expulse tout ça et que je n’attende pas, que je me dépêche et je n’y arrive pas, je ne sais pas quoi faire, je ne sais même pas respirer, oh mon Dieu, et je sens bien que tu attends après moi et que tu m’appelles et moi qui ne sais pas venir te rejoindre ou même simplement continuer de vivre en recrachant ce qui m’est entré dedans, tout cet air, toute cette angoisse dont je dois me défaire parce qu’elle n’est pas la mienne et que si je la garde et crois bêtement que c’est moi la cause d’elle, je ne sais pas ce que ça fera mais ça ne fera que rajouter de l’angoisse à l’angoisse et m’empêcher toujours de respirer. Tu me dis de venir exister au monde et que ce n’est pas une faute d’être, je t’entends, mais pourquoi est-ce que j’hésite et que je ne suis pas sûr que tu dis vrai, pourquoi je me dis que non, que c’est – je n’ai encore rien fait mais si je fais, est-ce que ce ne sera pas mal, est-ce que ce n’est pas déjà mal que je ne fasse pas, est-ce que je ne le sais pas d’avance ce que ce sera avant de le faire et est-ce qu’à force de ne pas le faire ça ne devient pas le mal et ta voix monte et je sens que tu as peur et que tu t’énerves et il ne manque plus alors que le grondement du tonnerre et alors je ne dirai plus rien, ou si peu et à qui. Et tout ça je le garde pour moi alors que tu attends que je te parle et que déjà je n’ose plus pleurer devant toi et te dire toute ma peur, comme si je ne pouvais pas naître à toi bien que tu le désires et me dises que c’est, que je suis là, que c’est fait – et moi je ne dis rien et je ne sais déjà plus devant qui pleurer, ni devant ma maman ni devant personne, et dedans moi je crie et je te parle et ma voix ne passe pas ma bouche mais maman je te parle et je te pleure, cela bien que je ne sache pas le dire encore, je t’aime, mais tu ne parles plus et j’ouvre grand les yeux dans la nuit où je te cherche et te parle car je sais que tu es là où le sommeil a fui et que c’est là que je vais te rejoindre, maman, j’arrive, attends, attends-moi, je te parle, je suis là, je suis né et j’existe, tu ne rêves pas.
dimanche 22 juin 2008
mercredi 18 juin 2008
Van Gogh
J’ai croisé Van Gogh dans la rue. Il m’a demandé si j’aimais la poésie. J'ai dit non. Il m’a demandé si j’avais une pièce. J'ai dit non. Il avait un énorme pansement à l’oreille droite. J'ai dit non. Il était noir. J'ai dit non. Van Gogh n’était pas noir et c’est l’oreille gauche qu’il s’est arrachée. N’empêche, je l’ai reconnu.
Mon parfum préféré
Ma voisine n’aime pas que je l’observe. Il faut dire que j’habite plus haut qu’elle et que, de ce fait, j’ai sur elle et son appartement une vue disons plongeante. Cependant, entre supporter mon regard vicieux et profiter du soleil sur le rebord de sa fenêtre, son choix est fait. Son appartement est orienté Est, elle a le soleil le matin. Moi, c’est l’inverse, je l’ai le soir, couchant. Je souffre moins de la chaleur et je profite du spectacle. A cette époque de l’année, il fait chaud. Ma voisine porte généralement des robes de couleur. Aujourd’hui c’est rose-rouge, entre les deux, une robe qui se boutonne derrière, décolletée mais pas trop. Au dessus du genou. Mais quand elle s’assoit et replie les jambes, le tissu glisse et je vois toutes ses cuisses. Pour pouvoir l’observer tranquillement, j’ai sorti une chaise sur mon balcon (non seulement j’habite plus haut, mais en plus je bénéficie d’un balcon, pas très grand mais tout de même, c’est un argument). Je fais semblant de lire. Un gros livre avec des images, quelque chose d’imposant, genre livre de peinture, livre d’art. Elle passe sa main dans ses cheveux pour les dénouer. Il faut dire qu’elle sort tout juste de la douche et qu’ils sont encore mouillés. Ils sécheront plus vite au soleil, et puis c’est tellement agréable. Le visage tourné vers la lumière, elle ferme les yeux. Ce n’est pas seulement pour ne pas se faire aveugler, c’est aussi pour ne pas me voir. Elle a délibérément fait glisser les bretelles de sa robe sur ses épaules afin que son bronzage soit sans défaut. Ce n’est pas qu’elle bronze à vue d’œil, mais enfin, c’est plus prudent. Oh non, elle s’en va, elle rentre à l’intérieur. Soudain le livre inepte que j’ai entre les mains me pèse horriblement, et ses tâches noires sans goût, toute cette encre renversée, gaspillée. Qu’est-ce qu’elle peut bien faire ? Se peigner, se sécher les fesses. Il est trop tôt pour se faire à manger. Sa colocataire serait-elle rentrée ? Une fille brune, jolie mais sombre et, je le vois bien, agitée, fumant beaucoup, limite perturbée. Tandis qu’elle a la peau claire, les cheveux châtains presque blonds, fins, et, bien sûr, elle ne fume pas. Si je pouvais m’approcher, je suis sûr que je verrais naître des tâches de rousseur sur ses pommettes saillantes. J’essaie bien, quelquefois, quand je vois sa fenêtre se fermer, de dévaler mes escaliers encourant dans l’espoir de la rencontrer en bas, devant sa porte, mais soit que j’aille trop lentement, soit que la fermeture de sa fenêtre n’indique pas qu’elle s’apprête à sortir, je n’ai pas encore réussi à la croiser et à plonger mes prunelles dans les siennes. Mais la revoilà ! Visiblement, elle était allée se chercher une bouteille d’eau, de celles qu’elles ont avec elles quand elles se savent parties pour de longues après-midi affronter la chaleur et la foule des grands magasins. Oh non, elle repart. Je la croyais plus posée. Mais la revoilà déjà ! Elle a fait vite cette fois. Voilà qu’elle se penche en avant, quitte ses sandales et plonge un petit pinceau dans un petit flacon de vernis. Elle se fait les ongles, joue avec ses doigts de pied et avec le soleil qui reflète. Je dois dire que c’est un beau spectacle. Je ne discerne pas la couleur du vernis. Etant d’une nature peu exubérante, il est probable qu’elle en ait choisi un incolore. Elle attaque son pied droit. Mais voilà qu’elle s’interrompt et referme prestement le flacon. Elle ne va quand même pas rester comme ça. Aïe ! Ce que je pouvais craindre de pire vient d’arriver. Un jeune homme vient d’entrer. Ils s’assoient face à face. Je vois son dos. Elle a réajusté ses bretelles. Mais, surtout, je vois sa tête à lui, son horrible tête d’homme, non pas qu’il soit laid, vous comprenez. Pour tomber mal il tombe mal, elle n’est pas sèche et son pied gauche n’est pas fait. Il pourrait s’en apercevoir, s’excuser, repartir. Quelle sans gêne. A-t-il seulement idée de là où il est, de ce qu’elle pouvait faire avant son arrivée ? Non, évidemment non. Il ne se questionne pas, certain de son charme et persuadé qu’elle l’attendait. Soudain, ils se lèvent tous les deux. Elle se retourne et referme la fenêtre sans m’adresser le moindre regard. Je peux bien disparaître, elle m’a remplacé. Je quitte mon balcon, la suite ne me regarde pas. Je regagne mon canapé. Je déteste la peinture, ses vulgaires reproductions de grands maîtres qui remplissent tant de livres. Les minutes que je vis sont pénibles, elles me tordent le ventre. Et puis comme si mon désagrément n’avait pas atteint son comble, la sonnette de ma porte se met à retentir. A une heure pareille ! Qui cela peut-il être ? J’ouvre. Stupeur. Elle est là, avec lui, et me propose de m’abonner à un journal quelconque que je feuillette sans intérêt. Me reconnaît-elle seulement ? Tout en répondant à ses questions, je lui adresse quelques signes afin de lui faire voir que j’ai compris son manège, que lui n’est là que pour faire de la figuration et lui fournir un prétexte pour enfin me rencontrer. Je refuse l’abonnement. Elle sait à quoi s’en tenir. Ils montent dans les étages. J’attends qu’elle revienne. Le temps qu’elle se débarrasse de ce malotru. Je sors deux verres et quelques bouteilles, si jamais elle désire un apéritif. Je mets un disque de jazz. Maintenant elle doit avoir fini son tour. Je commence à avoir faim. Tant pis, je grignote. Elle n’est pas censée le savoir. Je sors une tranche de jambon. Puis une deuxième. J’ai de plus en plus faim. J’attaque le poulet. La salade, les pommes de terre, le fromage. Ce n’est pas possible. Reste la glace. Les bouteilles sont rangées depuis longtemps. Le soleil pénètre maintenant dans le séjour. Je suçote ma glace. « Comme on est bien chez vous, la lumière est magnifique. » Je me retourne, elle est là. Elle porte une robe que je ne lui connais pas. Une robe verte. Et puis d’un seul coup, sans me prévenir, elle me saute dessus et enfourne sa langue dans ma bouche. « Cette glace est délicieuse n’est-ce pas ? » « Oui, dis-je un peu bêtement. » « Malheureusement, il n’y en a plus. » Je regarde, effectivement le bac est vide. Quand je redresse la tête, l’objet de ma vision a disparu. Reste une petite flaque verte sur la table. Je la lèche en silence. Pistache, mon parfum préféré.
mardi 17 juin 2008
Paix avec ma denture
Tout a commencé un dimanche matin, vers 9 heures. Je dormais encore quand une étrange sensation m’a tiré du sommeil : la sensation de perdre une dent et de la retrouver dans ma bouche. Je me réveille donc. Fini le confort ouaté où j’étais, rêvant de je ne sais quoi dans la fraîcheur de mes draps. Je prends appui sur un coude, je me redresse. Je suis dans le cirage. Assis sur le rebord de mon lit et penché en avant, je crache dans le creux de ma main une de mes dents de devant, une de celles que je me suis fait couronner l’année dernière. Je me lève et vais devant la glace. Je constate l’hécatombe. Je suis bel et bien édenté. Mon butin à la main, je retourne à mon lit, le dépose sur ma table de chevet et cherche à me rendormir. Il y a un âge où l’on perd ses dents avec une sorte de fierté parce que l’on sait que c’est un signe de croissance et qu’avec les dents de lait c’est la première enfance qui part, période ingrate où la dépendance aux parents et aux adultes, au monde extérieur, est grande, trop, où c’est presque avec arrogance qu’on découvre ses gencives édentées. Il y en a un autre, la vieillesse, où perdre ses dents est le signe indubitable d’une perte de vigueur, comme si la mort commençait par nous déchausser avant de nous emporter. Et puis, il y a un âge intermédiaire, qu’on peut dire fleur de l’âge, où l’espérance cède devant la lucidité. Nulle souris dans mon cas ne m’a promis de passer et tout ce que je vois dans cette cassure - le dentiste me dira plus tard que ma dent a cassé, que cela arrive, que cela n’a aucun rapport avec la couronne, etc… -, c’est quelque chose comme une preuve, un avertissement, un ultimatum, un document officiel stipulant le montant des dégâts, l’étendue du désastre, pointe de l’iceberg à partir de laquelle j’ai tout le loisir de spéculer sur l’état du bloc immergé, mon être et ses racines, pourries, rongées, ne retenant que difficilement le tronc, et cela indépendamment de toutes les histoires que je peux me raconter, de tous les scénarios que je m’invente pour expliquer ceci ou cela. Une preuve concrète, indéniable, malgré tous mes efforts et ma tête que j’enfonce dans mes oreillers. Le pire, c’est que cet accident me soit arrivé dans mon sommeil. Qu’une dent puisse casser à tout moment - moyennant certaines conditions, c’est vrai -, c’est déjà en soi quelque chose d’aberrant et d’affreusement inquiétant. (Je ne vous parle pas des appréhensions qui accompagnent mes repas, un loup qui mange de la salade.) Mais qu’une telle cassure puisse avoir lieu pendant le sommeil ! On voudrait croire qu’il ne se passe rien la nuit, enfin moi. Je ne rêve pas, ne me souviens de rien, ne gardant de ce temps dormi pas la moindre histoire, le moindre récit. En fait, nous vivons la nuit - tout le monde le sait, sauf moi -, et nous serrons les dents. Les dentistes vous le diront si vous ne vous en êtes pas aperçus, les mâchoires travaillent la nuit, et, selon ce que vous rêvez, elles se crispent ou se détendent. Il faut croire que dans mon cas, cette nuit là du moins, mon rêve fut particulièrement gratiné. Imaginez, pour casser une dent. Ceci dit, on m’a peut-être aidé. Quelque chose ou quelqu’un m’a secondé dans cette tâche destructrice, cette négation sauvage et criminelle de mon être. Qui ? Je n’en sais rien au juste. Ce que je sais, c’est que cette personne ou cette chose dont je m’évertue à nier l’existence par le refoulement de tous mes rêves, et cela depuis toujours, aura été plus forte que moi. Au moment qu’elle aura jugé opportun, elle s’est malignement rappelée à mon souvenir pour faire soudainement irruption dans mon monde de veille, dans mes jours sombres, car autant vous le dire, quand vous ne vivez pas la nuit, quand vous prétendez vous souvenir de rien, la nuit habite vos jours et les dévore. Je cherche à monter sur le trône qui me fait face, mais il suffit que je sois sur le point d’en saisir le bras pour que je sente une main m’agripper, me retenir et m’enlever. Puis on me mord et pour finir on m’avale. Réalité que je ne peux plus ignorer. Je sais que j’ai un démon à chasser, un vampire à étreindre, et ce jusqu’au petit matin, jusqu’à son agonie. Je sais aussi que je suis sur la bonne voie et que si mon combat n’est pas achevé - loin de là -, j’ai néanmoins remporté la première manche. Ne lui ai-je pas extirpé une dent ? Le problème, c’est que je ne me distingue pas de cette créature nocturne et funeste et que la dent qu’elle a perdue n’est autre que la mienne. Me distinguer d’elle, de son histoire, de son corps. Si elle pouvait s’expliquer ! J’attends, j’espère ; en vain. La vérité, c’est que c’est à moi qu’il incombe de rendre mon repas, à moi et à personne d’autre. Car mon corps en sait long, et moi qui ne veux rien savoir, voulais ne rien savoir.
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